Manipulateurs, pervers narcissiques et harceleurs
I. Définitions du Manipulateur
II. Les pervers narcissiques
III. Comment faire face
IV. Stratégies d’autodéfense
V. Cas du harcèlement moral
VI. Principes de contre manipulation
I. Définitions du Manipulateur :
1. Il culpabilise les autres, au nom du lien familial, de l'amitié, de l'amour, de la conscience professionnelle, etc…
2. Il se déresponsabilise (reporte sa responsabilité sur les autres ou se démet de ses propres responsabilités).
3. Il ne communique pas clairement ses demandes, ses sentiments et ses opinions.
4. Il répond souvent de façon floue. il utilise des phrases mystérieuses pour déstabiliser et impressionner son interlocuteur.
5. Il change son discours, ses opinions, ses comportements, ses sentiments selon les personnes et les situations ; il sait
changer très rapidement de registre (ex: en alternant flatteries et menaces, il joue sur l'affectif...).
6. Il invoque des raisons logiques pour déguiser ses demandes.
7. Il fait croire aux autres qu'ils doivent être parfaits, qu'ils ne doivent jamais changer d'avis, tout savoir et répondre
immédiatement aux questions.
8. Il met en doute les qualités, la compétence, la personnalité des autres ; Il critique sans avoir l'air, dévalorise et juge (sous
forme d' insinuations).
9. Il fait faire ses messages par autrui ou par des intermédiaires (téléphone au lieu de faire face, laisse des notes écrites) ;
n'informe pas clairement.
10. Il sème la zizanie et crée la suspicion, divise pour mieux régner et peut provoquer la rupture d'un couple.
11. Il sait se placer en victime pour qu'on le plaigne (maladie exagérée, entourage "difficile", surcharge de travail, etc.).
12. Il ignore les demandes (même s'il dit s'en occuper).
13. Il utilise les principes moraux des autres pour assouvir ses besoins (notions d'humanité, de charité, racisme, "bonne" ou
"mauvaise" mère).
14. Il menace de façon déguisée ou fait un chantage ouvert.
15. Il aime polémiquer mais peut changer carrément de sujet au cours d'une conversation.
16. Il évite ou s'échappe de l'entretien, de la réunion (est imprévisible, déstabilise).
17. Il mise sur l'ignorance des autres et fait croire à sa supériorité.
18. Il ment.
19. Il ne pratique pas la communication vraie, craint la transparence, aime le flou artistique, pratique le double langage
20. Il prêche le faux pour savoir le vrai, déforme et interprète ; il exagère un faux problème, pratique la mauvaise foi.
21. Il utilise l'ironie et la dérision, les accusations manifestement fausses (mais invérifiables).
22. Il est égocentrique ( narcissique ); il est indifférent aux besoins des autres malgré ce qu'il en dit.
23. Il peut être jaloux même s'il est un parent ou un conjoint.
24. Il ne supporte pas la critique et nie des évidences.
25. Il ne tient pas compte des droits, des besoins et des désirs des autres.
26. Il utilise très souvent le dernier moment pour demander, ordonner ou faire agir autrui.
27. Son discours paraît logique ou cohérent alors que ses attitudes, ses actes, ou son mode de vie répond au schéma opposé.
28. Il utilise des flatteries pour nous plaire, fait des cadeaux ou se met soudain aux petits soins pour nous (séducteur, il
utilise d'abord le charme ; mais bientôt les flatteries feront place aux sarcasmes...). Vendeurs : attention à une trop
grande proximité (jouent sur l'affectif, sur la sympathie et la confiance...)
29. Il produit un état de malaise ou un sentiment de non-liberté (piège)
30. Il est parfaitement efficace pour atteindre ses propres buts mais au dépens d'autrui.
31. Il nous fait faire des choses que nous n'aurions probablement pas faites de notre plein gré.
32. Il est constamment l'objet de discussion entre gens qui le connaissent, même s'il n'est pas là.
Les manipulateurs peuvent revêtir tous les masques : Du sympathique au dictateur caractériel, en passant par le séducteur ou l'altruiste... En gros, l'affection, le partage, la franchise, il ne connaît pas. Ce qu'il veut, c'est le pouvoir sur les autres ou les rabaisser pour améliorer son estime de soi. .
Les manipulateurs s’en prennent de préférence à des personnes courageuses, morales, intelligentes.
Nous sommes tous un peu manipulateurs (ou à un degré moindre, persuasifs ou séducteurs). Et pour être considéré comme un vrai manipulateur, il faut correspondre à au moins une dizaine de ces 32 caractéristiques listées plus haut (définies par Isabelle Nazare-Aga ).
Il n'existe pas de commune mesure entre :
- FAIRE de la manipulation (de temps en temps)
- et ETRE manipulateur.
En effet, il ne faut donc surtout pas confondre :
- la manipulation qui peut n'être qu'un comportement passager (stratégie de persuasion, séduction, chantage, etc),
- et la personnalité manipulatrice.
Le vrai manipulateur ment, embrouille, utilise les gens, cherche à culpabiliser ou à manipuler, il est de mauvaise foi, comédien, démagogue... parce qu'il ne peut pas faire autrement, parce qu'il en tire des bénéfices.
Il s'agit pour lui d'un système de défense souvent inconscient, mis en place dès l'enfance.
Ce système de protection fonctionnera tant qu'il en tirera bénéfices. En effet, il s'agit pour lui(elle) d'un véritable moyen de survie. Mais certains manipulateurs sont conscients de leur état, et dans ce cas, ils confinent à la perversité. (pervers narcissiques).
II. Les pervers narcissiques :
Les pervers narcissiques (individus "toxiques" ou "vampires", sadiques, prédateurs, psychopathes) vont s’attaquer aux autres
- pour se sentir exister ils ont besoin de détruire l'existence d'autrui, de "casser" les autres ; détruire l'autre -- physiquement ou moralement -- c'est pouvoir exister,
- pour ressentir de la puissance ou simplement pour nourrir leur estime d'eux-mêmes, ils considèrent donc l'autre comme un objet qu'ils vont manipuler, casser ou harceler pour arriver à leurs fins.
Il s'agit d'individus, hommes ou femmes, ayant une personnalité de type narcissique (égocentrisme) assortie d'un comportement pervers : déviation, dans leurs relations avec les autres, de l'instinct moral et social, de ces individus sans scrupules et sans états d’âme.
Pourtant, on ne trouve pas la "perversion narcissique" parmi les troubles de la personnalité officiellement répertoriés.
En effet, « les pervers narcissiques sont considérés comme des psychotiques sans symptômes, qui trouvent leur équilibre en déchargeant sur un autre la douleur qu'ils ne ressentent pas et les contradictions internes qu'ils refusent de percevoir. »
Noter que si les pervers sont toujours narcissiques (égocentriques), par contre les narcissiques ne sont pas toujours pervers...
Ainsi, une des caractéristiques du pervers narcissique : manipuler en inversant les rôles bourreau/ victime (persuader sa victime que c'est elle qui est responsable de ses ennuis et tourments...).
Les pervers narcissiques,
- se présentent d’abord comme des séducteurs flatteurs (aspect manipulateur) puis plus sarcastiques, ensuite avec leurs plus
proches (épouse, collaborateurs, etc.) cassants, blessants, dévalorisateurs, tyranniques... et finalement harceleurs.
- sont inaccessibles aux remords et aux scrupules,
- manquent d’empathie (incapacité à comprendre les sentiments et les émotions d'autrui ; refus de se mettre à la place des
autres ; considère l'autre comme un objet, même ses propres enfants ; seuls comptent leurs propres intérêts),
- ils s'intéressent aux autres non comme une altérité, mais comme une proie possible,
- « ils "ne font pas (toujours) exprès" de faire mal, ils font mal (souvent) parce qu'ils ne savent pas faire autrement pour
"exister". »
Plus exactement, simplement pour se sentir mieux, certains harceleurs déchargent leur stress, leurs angoisses et leur hostilité sur une tierce personne souvent innocente et vulnérable.
Ils ne se rendent pas toujours compte qu’ils font du mal à ce tiers (ils "souffrent seulement" d’un grand égoïsme et d’un manque d’empathie), mais ça les soulage (au détriment d’autrui) et ils en retirent même le sentiment d'exister, voire un sentiment de puissance.
Et c'est ainsi que la personnalité narcissique perverse s'empare de la vie des autres. Ces individus font souffrir leurs victimes en silence. Ils les réduisent à néant en les dépossédant de leur vitalité, de leur confiance en eux, de leur estime d'eux-mêmes. Le narcissique est en quelque sorte un voleur... un voleur de vie, un voleur d'âme.
* les vrais pervers narcissiques... d’autres harceleurs et individus malveillants sont conscients de faire du mal, ils comprennent bien la détresse de leur victime et ils en retirent de la jouissance.
III. Comment faire face :
Trois possibilités : prendre le dessus sur le manipulateur, fuir, contre manipuler.
1) comment faire face aux attaques malveillantes, à la méchanceté et à la mauvaise foi
2) principes de contre-manipulation
Si l’on ne peut fuir ces personnalités toxiques, comment faire face aux attaques malveillantes, à la méchanceté et à la mauvaise foi ?
Analyser au plus vite l’agression, la situation et l’adversaire afin de le déstabiliser (on dit que l’esprit de répartie peut se cultiver) :
• prendre du recul (détachement nécessaire ),
• donner aux choses et aux événements une valeur relative :
• facile à dire ?… Pour cela, il existe différentes méthodes : respiration / concentration / méditation / cohérence cardiaque / yoga / arts martiaux,
Mais ces situations exigent une décharge émotionnelle immédiate, donc l’intelligence est d’ éviter l’agression de plein fouet ! (éviter l'affrontement direct ) donc :
IV. Adopter une stratégie d’autodéfense :
- Répondre, ne pas encaisser ; mais :
• agir, ne pas réagir ;
• éviter de se justifier ;
• éviter la transparence ;
• éviter la profondeur ;
• éviter spontanéité et impulsivité ;
• ne pas sourire au manipulateur (sauf humour et ironie) ;
• le regarder dans les yeux ;
• utiliser l'humour et la dérision (quand c'est possible), afin de faire perdre toute substance à son discours
• surtout ne pas lutter de front (face à un manipulateur ou à un pervers narcissique, on est toujours perdant !).
- sinon (suivant les cas ) :
• l'ignorer, jouer l’indifférence => apprendre à ne pas réagir aux provocations, à garder son calme, son sang-froid, etc,…
Pour certains, le plus dur est sans doute de garder son sang-froid et prendre du recul dans ce genre de situation ( comment libérer cette surcharge émotionnelle ?... ) ;
et cela ne prend-il pas une toute autre dimension, lorsque les humiliations ont lieu "sur la place publique" et que le provocateur ou harceleur parvient à mettre le public de son côté ?...
Mais le fait même de mettre en place ces stratégies, d' anticiper, aide à prendre ce recul salutaire... et à éviter l'affrontement direct (intérêt des exercices de respiration / concentration / méditation / cohérence cardiaque / yoga / arts martiaux, ...)
V. Cas du harcèlement moral :
À propos du harcèlement moral et du profil des harceleurs, il faut je crois distinguer :
- les personnalité paranoïaques (1) / psychorigides (ou simplement des "Jeunes Cadres Dynamiques " aux dents longues ? (2))
- des personnalités manipulatrices.
Les individus mégalos, toxiques ou "vampiriques", il faudrait bien sûr absolument les éviter ou les ignorer. Mais parfois, c'est impossible (au travail, notamment). Dans ce cas, il faut jouer un jeu où l'on est plus soi-même.
Mais apprendre à gérer l'agressivité (la sienne, celle de l'autre) peut aider à grandir, à s'affirmer, à retrouver l'estime de soi-même.
Pour le reste, la répartie avec ironie et humour léger, on peut s'y exercer. C'est sans doute plus difficile pour certains que pour d'autres. Avec ces personnes, il faut se montrer superficiel ou mystérieux. Pas forcément très compliqué : faire des phrases courtes, floues ou stéréotypées. Les situations se répètent, il est donc possible d'anticiper.
On peut trouver des infos
- dans « les manipulateurs sont parmi nous » d'Isabelle Azare-aga ,
- peut-être aussi dans « le harcèlement moral - violence perverse au quotidien » de MF. Hirigoyen déjà cité plus haut,
- ou encore dans « le harcèlement psychologique » (D. & K. Rhodes - Marabout ).
Toujours dans ce contexte de harcèlement moral, les personnalités manipulatrices sont en général plus difficiles à gérer que les personnalité paranoïaques / psychorigides
VI. Principes de contre manipulation (extraits de "Les manipulateurs sont parmi nous") :
• faites des phrases courtes,
• restez dans le flou,
• utilisez les phrases toutes faites, les proverbes et les principes,
• utilisez aussi le « on » (généralités),
• faites de l'humour dès que le contexte le permet,
• souriez, surtout en fin de phrase, si le contexte le permet,
• pratiquez l'auto-dérision,
• restez poli, n'entrez pas dans la discussion si elle ne mène à rien ou à la dévalorisation,
• évitez l'agressivité,
• utilisez l'ironie et la dérision seulement si vous renvoyez un message et si vous êtes sûr de vous,
• surtout, ne vous justifiez plus
• apprendre à s'affirmer, à dire non (travailler sur la passivité, sur ses dépendances, ses modes d'attachement, la confiance en soi) ...
Certaines personnes "recherchent" inconsciemment les rôles de victimes...
Les personnes "énergiques" et qui ont une bonne image d'elles-mêmes réagissent plus vite et plus efficacement face aux attaques. Mais personne n'est à l'abri de la manipulation, de la malveillance sournoise et de la mise sous emprise (3).
(1) Paranoïa :
A côté des paranoïaques tendance psychorigide et agressive (potentiellement harceleurs), il y a aussi, à l'inverse (côté victimes), les personnalités plus ou moins "paranos", tendance victimes, qui ont tendance à toujours se croire harcelées : il s'agit souvent de tempéraments hypersensibles... mais la susceptibilité peut être temporaire, liée à une déprime et à une perte de confiance en soi.
Car la fragilité à la critique peut être latente. Lorsqu'elle s'exprime (doute => perte de confiance en soi => pertes d'énergie et de motivation), la personne déstabilisée devra en prendre conscience et apprendre à progresser grâce aux critiques... si elles sont fondées !
(2) "JCD" (jeunes cadres dynamiques aux dents longues) :
Il pourrait s’agir, de la part du "petit chef", de la peur de ne pouvoir asseoir son autorité ; il pourrait aussi ne s’agir "que" d’une situation de blocage au travail, où... « plus le manager s’efforce de "soutenir" son collaborateur (parfois brutalement ou maladroitement, surtout s’il s’agit d’un jeune manager), plus le collaborateur doute de ses propres capacités et se replie sur lui-même. S’installe alors un cercle vicieux qui engendre beaucoup de souffrance et qui peut se révéler coûteux en termes de carrières »
D'après le livre de JF. Manzoni et Jean-Louis Barsoux :
« Relations difficiles au travail – Rompre le cercle vicieux », (2004)
édition originale aux US sous le titre « The Set-Up-to-Fail Syndrome », 2002 :
Ce livre part d’un constat quelque peu dérangeant : les collaborateurs peu performants ne sont pas mauvais malgré les managers qui les pilotent mais bien au contraire à cause d’eux. De « bons managers » peuvent mettre durablement de « bons » collaborateurs en situation d’échec.
La dernière partie (chap.11) s’attache davantage au cas particulier de la France ...
Autre ouvrage de Jean-Louis Barsoux :
« French Management : Elitism in Action » (1997 - 2005 ?)
(3) Dans son livre « Femmes sous emprise », Marie-France Hirigoyen explique que la violence conjugale est un processus complexe où les coups sont l’aboutissement d’un mode relationnel mis en place au sein du couple et essentiellement marqué par la domination.
Pour M.-F. Hirigoyen, plus la violence a été subie longtemps, plus il est difficile d'en sortir. Voilà pourquoi il faut réagir le plus tôt possible, dès les premiers signes.
Les femmes "énergiques" et qui ont une bonne image d'elles-mêmes réagissent plus vite face aux coups. Mais personne n'est à l'abri de la manipulation, de la mise sous emprise. C’est pourquoi il faut que les femmes apprennent à repérer le plus tôt possible les signes avant-coureurs de la violence des hommes.
L’agresseur pourrait être un manipulateur orgueilleux et introverti, jaloux et possessif, qui va d’abord user d’alternance entre douceur et menaces : menaces d'abord insidieuses puis plus directes pour instaurer la peur. Résultat : un processus de dissociation psychique (comparable au "syndrome de Stockholm" qui désigne l'empathie de certaines victimes de prise d'otages pour leurs ravisseurs).
Petit à petit, l'homme amène la femme à douter d'elle-même et à perdre tout sens critique en lui faisant subir des violences psychologiques d’abord insidieuses (communication paradoxale), un contrôle jusqu'à l'isolement, le harcèlement, le dénigrement, les disqualifications, les humiliations, les menaces, les insultes, voire les coups (prendre garde à réagir dès les premiers coups !).
Ce processus peut prendre des mois, des années, jusqu'à ce que les femmes sous emprise finissent par être persuadées que leur mari a raison et qu'elles ne sont bonnes à rien.
Noter que ce processus existe aussi dans une relation homosexuelle.
Source : Dossier « Violences conjugales » dans Le Nouvel Observateur (juin 07,
http://hebdo.nouvelobs.com/hebdo/parution/p2222/articles/a346349-pourquoi_elles_subissent.html ).