[...]
- Doudou ! il faut que je te parle…
Doudou rentrait à peine d’un week-end de stage, et vidait sa trousse de toilette dans la salle de bain.
- Oui ?
Un silence. Elle restait dans la chambre.
- Non, pas comme ça !
Je laissai ma trousse de toilette pour la rejoindre, m’assis à côté d’elle sur le lit et lui pris la main.
- Oui, Ma Puce, qu’est-ce que tu veux me dire ?
Elle ne pouvait lever les yeux sur moi, essaya, rencontra toute la tendresse de mon regard. Sa main glissa de la mienne et elle se leva vivement en me tournant le dos.
- Tu ne m’aides pas !
Là, je compris enfin l’importance de sa confidence. Mais je ne savais pas qu’elle attitude elle désirait que j’adopte. Je me levai, mis mes mains sur ses épaules et déposai un baiser sur son cou. Elle frissonna.
- Je vais pas pouvoir te le dire…
- Pourquoi ?
- J’ai peur.
- De quoi ?
- Que tu réagisses mal ?
Je fis pivoter son corps, baisai son front.
- Je te promets que je ne vais pas mal réagir.
Elle se blottit contre moi.
- Tu promets parce que tu sais pas…
Elle se serra, m’agrippa très fort en parlant très vite :
- Je t’ai trompé.
Elle continuait à m’agripper comme si j’allais la repousser violemment et partir pour toujours. Je la serrai tendrement et posai ma tête sur ses cheveux.
- Mais non.
Ses muscles se détendirent presque instantanément. Un temps de flottement, puis elle écarta sa tête ébahie pour voir mes yeux. Je lui souriais.
- Mais non.
Son visage dessinait une incompréhension totale. Elle m’affirma pauvrement.
- Mais si, je t’ai trompé.
Je lui souris.
- Non.
Océane s’écarta de moi, me fit face avec agacement.
- Je le sais bien, quand même !
- Moi aussi.
Elle était décomposée, je ne voulais pas faire durer son supplice. Je pris sa main et la conduisis au lit où nous nous assîmes côte à côte.
- Depuis quand tu fumes la pipe ?
J’eus envie de rire devant sa mine abrutie. Mais ce n’était pas le moment.
- Jamais. Tu sais bien que je fume des Marlboros.
Je captai ses yeux et, tendrement,
- Ma Puce, que tes vêtements sentent le tabac à pipe, OK. Mais quand ce sont tes sous-vêtements comme il y a quinze jours,…
Son visage se transformait en 3D, j’eus l’impression d’un ralenti sur la colère.
- Pour être trompé, il faut ignorer. Tu ne m’as pas trompé.
- Tu savais ! Tu savais et tu n’as rien dit !!
J’hésitai à répondre, car je sentais la conversation s’enliser. Je la fixai tendrement, avec un petit air de lui demander d’écouter ce qu’elle venait de dire. Océane était ballottée entre la culpabilisation et la blessure d’amour-propre.
- Non.
Elle se débattait, je ne pouvais rien pour elle.
- Et tu n’es pas jaloux ?!
- Non, tu le sais bien.
- Alors, tu ne tiens pas à moi !
- Au contraire.
- Pourquoi, au contraire ?
- Je n’ai pas la prétention d’être l’Homme Idéal qui suffit à tous tes besoins et tous tes désirs. Si je peux être celui qui t’aide à te réaliser et à t’épanouir, je suis le plus heureux des hommes.
Océane sanglotait sur ma poitrine, je caressais ses cheveux. Puis elle serpenta jusqu’au sol, s’agenouilla et dégrafa mon pantalon. Mon geste de recul instinctif la figea. Elle leva un visage défait vers le mien.
- Pardon, Ma Puce. C’est tout bête, mais maintenant qu’on en a parlé, je me demande…
Dès notre rencontre, c’est elle qui avait insisté pour que nous fassions régulièrement un test HIV.
Son visage s’éclaira aussitôt.
- Avec lui, j’ai mis des capotes. Je peux même te dire que c’est pas agréable…
Je lui coupai la parole pour qu’elle ne s’interrompe pas trop longtemps du geste.
- Pop pop pop… Tu ne vas pas me raconter tous les détails…
Je lui caressai la tête quand elle abaissait mon slip.
Océane me quitta un jour pour l’Homme Idéal, se maria, divorça deux ans plus tard.