Extrait de "Oma"
« Emma pose la sorcière sur sa commode :
- Je dois te laisser. Tu as de la chance de ne pas aller à l’école. Mais tu y es peut-être allée quand tu étais petite.
- Emma !!
- J’arrive ! …
et elle murmure à la sorcière qui lui sourit :
- J’y vais, sans ça elle va péter un plomb… Tu es chez toi, ici.
Elle lui fait un bisou sur son long nez et part en courant à la cuisine. Les yeux de la sorcière suivent la petite fille.
.
Et notre Emma se charge de raconter à ses copines que son papa a rapporté un cadeau d’Allemagne :
- Quoi ?
- Une sorcière.
- Une sorcière !!
L’agaçant Benoît passe en disant :
- Ça existe pas les sorcières !
Emma lui met un coup de poing sur le bras :
- Si, ça existe ! Même qu’elles habitent dans le Harz.
De loin, Benoît continue de la provoquer :
- Ça existe pas les sorcières !
- Tu vas voir, je vais lui dire que tu m’embêtes tous les jours !
- Ça existe pas les sorcières !
Il se sauve quand les quatre filles se lancent sur lui. La cloche sonne et Benoît n’aura pas sa raclée. Tout le monde est soudain plus calme, on rentre en classe. [...] »
Extrait de "Oncle Jean"
« [...] C’était il y a bien longtemps, quand il y avait encore quelques trains à vapeur, et que la plupart des gens n’avaient ni téléphone ni télévision. En fait, il y a seulement cinquante ans. Vous vous rappelez ? Non ? Ça ne fait rien. Il n’y avait pas beaucoup de voitures et les automobilistes étaient souvent aimables. Nous étions neuf enfants à la maison, sept garçons et deux filles. C’était de l’animation tout le temps, on se demande comment faisaient notre mère pour s’occuper de toute cette marmaille. Notre oncle Jean, son frère, venait nous visiter par surprise. Il était en moto dans un accoutrement bien étrange. Sur sa tête un chapeau de toile comme on en porte en Amérique du Sud, avec un cordon sous le menton pour l’empêcher de s’envoler. Ses vêtements étaient couverts toute l’année d’un tablier d’écolier en grosse toile, pour ne pas se salir. S’il pleuvait ou faisait plus froid, il mettait sur le tout un grand poncho imperméable, dans la matière des « cirés de marins ». A ses pieds, de gros sabots de bois qui lui permettaient de marcher par tous les temps sur tous les terrains. Il fourrait ses sabots de paille pour avoir plus chaud en hiver.
Vous allez me dire que notre oncle Jean était un paysan. Mais non. Il vivait pourtant à la campagne et tout le monde le connaissait alentour, puisqu’il était le curé de Champignolles. [...] »